La formidable histoire du musette – partie 3 - l'Après-Guerre
Le musette à la Libération
Des paillettes pleins les yeux
Un monde qui change
Dans les années 1950, nos manières de produire et de consommer changent radicalement : la guerre et ses privations laissent place à une envie de s’amuser et de consommer. Les progrès techniques, l’ouverture progressive des marchés, l’arrivée de produits de synthèse dans une agriculture à visée industrielle ont été la réponse à cette nouvelle vie de confort immédiat et accessible qui s’offrait à l’Occident.
De la même façon, une autre manière de produire et de consommer la musique voit le jour : l’apparition des musiques venues d’Amérique, l’amplification et l’apparition du vinyle qui inonde les foyers vont orienter la tendance vers d’autres musiques venues du monde, aux dépens des musiques traditionnelles du pays.
Ainsi les petits marchés et épiceries de campagnes disparaissent au profit de la grande distribution, la solidarité, moins essentielle, décline… et de la même manière, la démocratisation du disque puis la télévision remplacent le bal musette du samedi soir, le swing cède le pas au rock’n’roll et la danse de couple à la danse individuelle.
Manouche Partie
Néanmoins, à côté de tout ce marasme, le grand Jo Privat et le fantastique Matelo Ferret nous donnent dans un dernier souffle une ultime Manouche Partie, album phare et emblématique qui s’approprie un style que tout le monde semble avoir oublié et qui s’impose dès lors comme une référence indéfectible. C’était en 1960 et y figurent des standards tels que Minor Swing, Les Yeux Noirs, Nuages, comme un hommage au frère Django, aux côtés d’autres perles toutes aussi magnifiques. Matelo enregistrera de son côté, les valses que Django composa à ses treize ans, sur un album sans lequel on en aurait aucune autre trace. Baro, lui, tirera de ses souvenirs ses Valses d’hier en 1965-66. Albums au succès discret mais à l’apport certain.
Epilogue
Il aura fallu les années 60, le rock et la TV pour enterrer le style, mais attendre les années 80 avec Didier Roussin et Daniel Colin (Paris Musette), puis les années 90 pour assister à un regain créatif. Citons Lubat et Minvielle, le groupe Java, Richard Galliano et bien d’autres pour s’être approprié le style et l’avoir poussé avec un souffle nouveau !