Le Swing Musette : l’autre « jazz à la française »

Une facette méconnue du Jazz Français de l’Entre-Deux-Guerres : le Swing Musette

Le swing-musette : patrimoine, héritages et alchimie

 Le musette, un patrimoine culturel français

 Issu de la rencontre entre les immigrés auvergnats et italiens qui arrivèrent à Paris pour trouver du travail, le musette est l’aboutissement du mélange entre les musiques traditionnelles d’Auvergne et l’accordéon, introduit dans la capitale par les Italiens à la fin du XIXème siècle. Ce premier métissage donnera, au début du XXème siècle, le style musette de la première période, et reste aujourd’hui l’unique exemple de musique non-folklorique née en France.

 L’héritage jazz

Après la guerre, les années 30 sont celles de l’arrivée du jazz en France. De jeunes guitaristes comme Django Reinhardt et Baro Ferret, côte à côte dans les orchestres de bal musette dans lesquelles ils impriment leur style manouche au banjo, vont adopter la guitare, plus jazz dans ses possibilités et sa sonorité.

L’un optera pour l’école Lang / Venuti et fondera le fameux Hot Club de France, dépositaire de l’appellation « jazz à la française », qui adapte sous forme d’un quintet à cordes, une formule déjà éprouvée par Eddie Lang à la guitare et Joe Venuti au violon.

L’autre, Baro, deviendra le maître incontesté de la valse swing, accompagnateur des premiers accordéonistes swing tels Viseur, Murena et Privat. Ensemble, ils mettront au point une formule totalement inédite: le swing-musette, style empruntant au musette sa forme (la valse) et au jazz son approche ternaire (le swing). 

Le melting-pot 

A l’écoute des enregistrements de Guerino ou Vaissade avec Django et Baro, on se représente bien les échanges qu’il pouvait y avoir entre les deux guitaristes, l’un prenant le plan, le phrasé de l’autre et vice versa… A ce titre, soulignons que nombre de phrases attribuées à Django dans ces enregistrements seront identifiés après analyse comme ceux de Baro par les spécialistes.

Un technique similaire entre les deux musiciens s’est donc véritablement développée à cette période. Ce qui n’est pas pour démystifier le génie de Django, qui reste un prodige de technique et de sensibilité, mais qui explique les facteurs favorables à l’émergence d’un style qui n’est pas que personnel : le jazz manouche. Django en aura, du reste, été le vecteur principal de sa popularisation.

 On peut faire le même parallèle concernant les orchestrations : le duo Django/Grappelli qui a fait le son de la musique de Django, rappelle avec évidence celui de Lang/Venuti. La formule des quintets de Viseur et Privat rappelleront quant à eux celui du HCF.

Pour ce qui est du répertoire, les accordéonistes intégreront petit à petit les tubes swing du moment, surtout Viseur avec Confessin’, Sweet Georgia Brown… à l’instar de son copain Django à qui il donnait la réplique. 

Pour conclure

Ainsi, même si Django est celui qui restera dans les mémoires, il faut comprendre que l’expression jazz à la française, traditionnellement attribuée au génie de Django, est le fruit d’un effort collectif, d’une transmission plus large et qui couvre d’autres horizons que ceux couverts par la musique du QHCF. Parmi celles-ci, le swing-musette est de ces musiques qui revêtent particulièrement bien cette étiquette : une musique cosmopolite solidement ancrée dans un pan de la culture française.

 Pour aller plus loin : www.guitare-musette.com

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